Un article de Frédéric Renson paru dans le journal L’Avenir du samedi 30 septembre 2011.
Marc Morgan ressort ses copions avec les Obstacles.
13. C’est le nombre de plages à écouter depuis ce lundi sur “Beaucoup vite loin”, l’album de Marc Morgan et les Obstacles.
Après dix ans de silence radio, Marc Morgan s’adjoint les Obstacles pour sortir “Beaucoup vite loin”, un album qui pioche un peu dans son époque Tricheurs.
Dix ans qu’on avait perdu la trace de Marc Morgan ! Il s’était “retiré” dans des projets beaucoup moins exposés comme de l’habillage sonore pour la RTBF. Puis on l’a vu repointer sa guitare dans l’écurie liégeoise Freaksville, mais toujours en retrait de Miam Monster Miam et de Lio avec Phantom. Cette fois, Marc Morgan sort de l’ombre avec une sortie dans les bacs depuis lundi : Beaucoup vite loin.
Le Hutois préférera parler du premier album de « Marc Morgan et les Obstacles » plutôt que de son 4e ouvrage personnel, même si la matière porte ses signatures musicale et textuelle. “J’avais toujours continué à capter des bouts de chansons mais sans avoir de projets précis”, évoque Marc Morgan qui a même un moment pensé définitivement tourner la page.
Puis est venu le déclic avec cette invitation à participer aux projets du label Freaksville dans une atmosphère détachée de toute pression commerciale. “Même si je sais que je ne viens pas de nulle part, le but n’est pas de réactiver une espèce de pseudocarrière. Je n’ai d’ailleurs jamais imaginé que la musique prendrait une telle importance dans ma vie. Je suis ravi que le dis que soit sorti et qu’on va jouer.” Ce sera avec ses potes Calogero Marotta (basse), Jérôme Mardaga (guitare) et Jérôme Danthinne (batterie) emmenés à Berlin, début d’année, pour y enregistrer en condition live. Dont trois morceaux repêchés dans le chantier laissé par Les Tricheurs à leur dissolution au début des nineties hutoises (“À Ma Merci”, “Mauvais Esprit”, “Qu’ils Reposent En Guerre”).
“Avec les anciens Tricheurs, on se croise encore régulièrement. Je suis curieux de voir ce qu’ils en penseront. Je pense que Sergio aimera certainement le côté plus rock de cet album. Et après tout, Nerbard aussi. Bouchon, je le revois régulièrement mais on ne parle pas des masses de musique en fait. Il a vraiment tracé un trait là-dessus.”
Nous, on dira que c’est “du Morgan” plus mordant puisque dans une forme résolument rock. Oui, requinqué le quasi “quinqua” !
Début de l’année, Marc Morgan et ses troupes enregistraient à Berlin. L’album est sorti ce lundi.
(Photo : Hannes Bieger).
Dans un esprit très familial.
Avec son fils Maxime aux enregistrements additionnels en studio et sa fille Juliette aux chœurs, Marc Morgan a eu son lot d’émotions.
À l’oreille, il y a tout d’abord la voix de Juliette sur la chanson Aux oubliettes. Dans l’ombre, il y a aussi tout un travail de studio dans lequel Maxime s’est impliqué avec son diplôme d’ingénieur du son décroché à l’IAD. Avec une fille et un fils pour filer un coup de main à leur père, ce nouvel album prend des allures de chouette aventure familiale chez les Wathieu. “Fatalement, ça a beaucoup de significations pour moi, confie Marc Morgan. Bon, c’est de la cuisine interne et familiale. Mais, ce n’est pas rien car ça crée une ambiance familiale d’abord assez musicale. Et puis surtout, il y a incontestablement un côté émotionnel qui fait que cela donne subitement de la densité. Maxime et Juliette sont deux étincelles comme l’ont été Jacques Duvall et Miam Monster Miam en me proposant de collaborer à Freaksville en 2008.” Marc Morgan est aussi un suiveur attentif des premiers pas scéniques de Juliette (Mlle Nineteen) et de Maxime (The Mash). “Voir le groupe de son fils ouvrir Indochine à Forest National et au Zénith de Lille, c’est grisant. Maintenant, The Mash va sortir son album. Et ça prend une tournure plus raide. Comment va-t-il être accueilli ? C’est ça qui est cruel. Entre le moment où tu répètes en studio et celui de vérité, c’est de moins en moins naïf.”
Juliette avait déjà accompagné Marc Morgan aux chœurs lors d’un premier filage de concert, au printemps, à Huy. Émotion évidemment.
“Très régional, mais ça a de la signification”.
Les amitiés “hutoises” de Marc Morgan colorent, à nouveau, ce nouvel album avec les Obstacles où Calogero Marotta (Bas-Oha), Jérôme Mardaga et Jérôme Danthinne (Marchin) ne sont pas seulement des musiciens. “C’est aussi ma famille artistique, insiste Marc Morgan. Je ne crois pas être quelqu’un de sentimental ou de nostalgique, mais le côté humain prévaut et crée le ciment des projets. Quand je vois le père de Jérôme Danthinne venir voir son fils au concert, ça me touche énormément. Et quand mon amie Charlotte Beaudry a présenté son exposition “Get Drunk” (titre inspiré d’une chanson de Showstar) à Bruxelles, Christophe Danthinne (le frère de Jérôme est leader du groupe Showstar) était là. Même si c’est complètement anecdotique, ça crée un tissu qui fait qu’on se voit. D’une certaine façon, les choses s’inspirent de l’un et l’autre. Cela peut apparaître très régional, mais ça a beaucoup de signification. Je suis allé faire des photos du concert de Showstar cet été. C’est une histoire entre l’artistique et l’humain. Ce sont des choses qui comptent et qui alimentent tout ça.”
1983 : Les Révérends du Prince Albert.
Après des débuts au sein d’Objectif Lune avec son frère Étienne Wathieu et Alain Piette entre 1979 et 1984, Marc vit l’aventure “twist” des décalés Révérends du Prince Albert. “À la base, c’est une création d’Alain Pire. J’y faisais les chœurs et accessoirement le guitariste. Puis, on a enregistré un album où je chantais. J’ai appris énormément. J’y ai fait mes classes rock avec de nombreux concerts. On a même ouvert Indochine à Seraing à l’époque de “L’aventurier”. Mais ça, c’était vraiment n’importe quoi…”
1988 : Les Tricheurs.
Marc forme ensuite Les Tricheurs avec Philippe Content, Sergio Taronna, Bernard Petit, Bernard Royer et Marie-Christine Devillers. Boosté par le single “Le Jour J”, l’album “Tendez vos lèvres” aura un joli succès d’estime. «C’est un groupe éphémère qui a quand même cristallisé quelque chose d’important dans le climat pop-rock francophone de l’époque. On a rencontré pas mal de musiciens français.» Lassé par la sortie reportée d’un deuxième album, le groupe s’est essoufflé en 1992.
1993 : Marc Morgan.
C’est sous cette identité que Marc aborde sa carrière solo. «C’est la suite des Tricheurs.Après la dissolution du groupe, je suis descendu sur Paris avec des maquettes que j’avais faites seul.» Les albums “Un Cygne Sur l’Orénoque” (en 1993 dont “Notre Mystère, Nos Retrouvailles”), et “Les Grands Espaces” (en 1996) le propulsent en tournée française (il jouera à l’Olympia…) avec Indochine, Les Innocents, Jean-Louis Murat. “Les parallèles se rejoignent” (en 2001) aura moins d’échos.
2009 : Phantom.
Marc est courtisé par Benjamin Schoos (Mian Monster Miam) et se laisse séduire par l’esprit du label Freaksville. «L’idée de refaire quelque chose me plaisait beaucoup. C’est très récréatif. J’y ai une tâche de guitariste et de producteur. Ça fait un peu auberge espagnole avec Jacques Duvall, Marie-France, Lio… On a tourné avec Lio dans des clubs rocks en Belgique et en France, ce qu’elle n’avait jamais fait. Elle y a pris beaucoup de plaisir. Une très chouette tournée.»
Frédéric Renson.
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