The Loved Drones : The Tangible Effect of Love

Une chronique de Barthelemy publiée par le webzine “Ça dépend des jours” le 30 mars 2013.

The Loved Drones

The Loved Drones

The Loved Drones : The Tangible Effect of Love

+ : Inventif, surprenant, captivant.
– : Un côté kitsch qui ne sera pas du goût de tout le monde

Imaginer, en 2013, un mélange expérimental entre Jethro Tull, Alan Parsons Project, Giorgio Moroder et Rock Progressif n’aurait pu être qu’un fantasme irréalisable, partagé par une poignée de freaks barbus, reclus dans une caverne de vinyles. Et pourtant, voilà que le très méconnu (mais néanmoins prometteur) label belge Freaksville (tiens donc) nous sert cet improbable cocktail répondant au doux nom de : The Loved Drones.

The Loved Drones

Rébus, énigme, mystère sont peut-être les seuls mots qui pourrait qualifer convenablement la musique produite par The Loved Drones tant cette dernière ne ressemble à aucune autre. Pour tout vous dire, on ne sait pas vraiment à quoi nous avons affaire. Mais finalement, qui s’en soucie ? Peu importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse, n’est-ce pas ?

The Loved Drones est une nébuleuse protéiforme insaisissable tant par ses constructions mélodiques que par sa forme. Une flûte, des claviers (Fender Rhodes), une batterie, deux guitares, une basse, une trompette, une harpe : voila l’alliance déjantée qui compose cette formation retro-futuriste débarquée d’on ne sait-où. Comme une impression étrange de se retrouver au carrefour musical des reliques du passé. Une dimension parallèle où l’ancien devient nouveau, où le kitsch est futuriste, où le Rock Progressif côtoie les élucubrations psychédéliques d’un Rick Wakeman sous LSD, où la frontière entre Stoner et Psychédélisme semble s’étioler à chaque note, où les synthés d’Alan Parsons se fondent dans l’ambiance morbide des heures de gloire de Goblin. En bref ? Un magnifique bordel, qui a le mérite de ne pas se déhancher vulgairement sur le trottoir auriculaire de l’auditeur lambda.

The Tangible Effect Of Love est un voyage musical, inattendu, parsemé de clins d’oeil musicaux anachroniques fascinants. Après le plaisir certain de la première écoute, ce premier opus se révèle être un véritable jeu de piste. Jeu auquel tout amoureux de musique progressive participera, en analysant chaque note à la recherche d’une influence cachée. Car chacune des huit chansons qui composent ce premier essai est d’une diversité incroyable et nous transporte en finesse d’un extrême à un autre. Tantôt psychés, parfois funky, souvent planants, ces drones puisent leur inspiration dans notre nostalgie et réveil les gloires du passés à l’image de la chanson Cosmic Memories (avec Emmanuelle Parrenin en guest de luxe), titre synth-wave authentique et révérencieux à l’égard d’un genre oubli à tort.

Malheureusement la formation belge semble souffrir d’un anonymat aussi incompréhensible qu’injuste. Est-ce là le prix d’une virtuosité libérée ? Nous le craignons. Comme trop souvent dans cette industrie musicale contrôlée par des Majors sans scrupules et des médias de masse sans éthique, il faudra attendre l’heure de la postérité pour que The Loved Drones bénéficie des honneurs qu’il mérite. Dans quarante ans, The Tangible Effect Of Love sera l’une de ces raretés que les collectionneurs s’arracheront. En attendant ? Jouissons de ce plaisir discret et faisons fi des convenances académiques du bon goût que les réclames publicitaires nous imposent.

Les amoureux du prog se réjouiront d’une telle sortie, en espérant que le succès de ce coup de maître, si modeste puisse-t-il être, sera suffisant pour qu’un deuxième volet voie le jour : ce ne serait que justice.

Liens

  • La chronique sur “Ça dépend des jours” :
    http://www.cadependdesjours.com/Musique-critique/the-tangible-effect-of-love-de-the-loved-drones/
  • Le site officiel des Loved Drones :
    http://www.theloveddrones.com/