Marc Morgan : l’énergie du retour

Une interview de Marc Morgan par Rudy Léonet publiée sur le site RTBF le 04 octobre 2001.

Marc Morgan

Marc Morgan : l’énergie du retour.

Après cinq ans de doute et de silence discographique, Marc Morgan a retrouvé l’énergie et les raisons de faire un nouveau disque. L’ancien leader des Tricheurs est de retour avec “Les parallèles se rejoignent”. Frais et spontané, ce troisième album solo, le meilleur sans aucun doute, devrait permettre au Hutois de retrouver la place qu’il mérite dans le cœur du public.

Rudy Léonet : Cinq ans depuis le dernier album : qu’as-tu fait pendant ce temps ?

Marc Morgan : Pour l’album précédent, j’étais dans une “grosse boîte”, Universal. Je suppose que lors de leur congrès de fin d’année, ils ont vu que les chiffres de Marc Morgan étaient nettement moins bien que ceux de Florent Pagny. Je me suis alors retrouvé dans la vraie nature du métier de chanteur, de vendeur de disques : je n’avais pas assez de poids commercial, et voilà. La personne qui m’avait emmenée là bas est partie à cause de ce contexte difficile de rentabilité, et je suis parti avec l’eau du bain. Ensuite, j’ai continué à faire des démos chez moi, à proposer des chansons aux autres. Il fallait que je retrouve de l’énergie et des raisons de faire un nouveau disque, c’est à dire simplement avoir assez de bonnes chansons. Je les ai testées sur scène, j’ai fait des illustrations, j’ai fait un site internet, aussi, bref, plein d’activités, mais il fallait que je cristallise tout ça à travers une rencontre ou un nouveau projet. Alors, j’ai fait des premières parties avec Jean-Louis Murat, qui m’a donné un petit coup de main. J’ai rencontré Denis Clavaizolle, son complice, qui a finalement travaillé sur l’album. C’était il y a deux ans et ça a été le premier argument pour mettre un album en route.

RL : Tu as pratiquement tout fait sur cet album…

MM : Oui, mais pas du tout parce que j’avais envie de pisser dans tous les coins de mon travail. C’était une nécessité pour recadrer ce que je voulais, pour m’échapper d’une trajectoire dans laquelle je n’étais pas probant, c’est à dire vendre des disques. Attention, c’est toujours ce que je veux faire, mais il fallait que je fasse le point et que je comptabilise les raisons qui m’ont poussé à refaire un album : la passion, le désir, les rencontres,…etc. Quand j’ai rencontré Denis, je suis descendu à Clermont-Ferrand dans le studio où travaille Jean-Louis Murat pour faire quelques essais, et là, je me suis dit que c’est de cette manière que je voulais travailler. Ca avait beaucoup de sens de travailler avec Clavaizolle et Murat, d’abord parce que ça fait longtemps que je les connais et que ce sont gens que j’admire beaucoup. Ils sont très forts, et il m’est nécessaire de rencontrer des gens plus forts que moi pour avancer.

RL : T’ont-ils rendu ta confiance en toi ?

MM : J’ai perdu un peu de confiance en moi sur la route, c’est vrai. J’avais besoin de ce “retour” de gens en qui j’ai confiance. En plus, comme j’avais des options différentes, moins évidentes, je voulais visiter de nouvelles choses, c’était un risque que je voulais prendre avec quelqu’un qui pouvait totalement m’épauler. Entretemps, j’ai rencontré un label belge qui était intéressé à sortir ce disque. Il n’y a pas d’intermédiaire : le son qu’on entend sur le disque, c’est le même que sur mon ordinateur chez moi. Il y a donc vraiment un côté très excitant, parce que j’ai l’impression d’avoir remis à niveau toutes les raisons pour lesquelles je fais de la musique.

RL : Est-ce “le” meilleur album de Marc Morgan ?

MM : Ce n’est pas à moi de juger, mais ce dont je suis certain, c’est que je suis très excité de le présenter sur scène. Cet album, je le vois comme si je parvenais à continuer le chemin que j’ai démarré, mais en revenant avec des valeurs, des idées presque adolescentes, une certaine spontanéité.

RL : Y a-t-il eu beaucoup de choses entamées et jetées pour obtenir cet album homogène ?

MM : C’est le but, oui. J’ai dû faire une quarantaine de chansons depuis quatre ans, pas toutes destinées à être ensemble, d’ailleurs. Il fallait qu’elles s’enchaînent, qu’elles fassent un tout. Il y avait d’ailleurs 13 chansons sur l’album au départ, mais je sentais que, pour certaines d’entre-elles, j’étais capable de faire mieux, de mieux les jouer. C’est bien comme ça. Il ne faut pas se forcer. Celles que j’ai écartées réapparaîtront plus tard, ou sur scène. “Deux temps, trois mouvements”, par exemple, dont l’enregistrement studio ne me convenait pas, mais que je joue en concert.

RL : Il y a une unité dans le ton de cet album, une espèce de gravité à laquelle tu n’avais pas habitué ton public…

MM : Justement, c’est la raison de vivre de cet album. J’aurais pu en sortir un beaucoup plus tôt, mais un CD, c’est trop important, ça te survit. Je voulais donc trouver un ton nouveau, aborder des choses différentes pour justifier une nouvelle sortie. Parce que sinon, effectivement, on peut sortir un album tous les six mois, mais ça n’a pas de sens. Là, je voulais marquer le coup, dans les textes comme dans les sonorités. J’ai eu l’occasion de faire des chansons plus légères, qui ont fait leurs preuves en radio, mais il y a un temps pour tout. Le fait d’être nulle part au point de vue ventes, ça m’a finalement permis de rejouer entièrement ma mise et de repartir avec des choses que je voulais absolument présenter de moi, celles d’un gars qui a 39 ans qui a vécu d’autres choses.

Propos recueillis par Rudy Léonet.

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