Un article de Frédéric Renson paru dans le journal Vers L’Avenir du 16 mars 2000.
La fine fleur hutoise au Botanique.
Soirée “Huy? Oui!” ce mardi à Bruxelles.
Ce mardi, c’est soirée hutoise au Botanique. Pour l’occasion, Marc Morgan est allé pêcher ses plus prometteurs tilapias dans les eaux chaudes de la Meuse. La “Frenchy connexion” hutoise sera à Bruxelles, ce mardi, dans le cadre du Parcours Chanté. Avec Marc Morgan pour guide de la petite colonie.
Le Botanique vivra à l’heure de son désormais traditionnel Parcours Chanté durant tout le mois de mars. Dans ses belles serres viendront encore bourgeonner des artistes bien de chez nous qui ont en commun la particularité de chanter dans la langue de Voltaire. C’est bien connu, on vient au Parcours Chanté pour faire des découvertes. Pas d’affiche béton à la Franco spadoise. Place à une trentaine de groupes dont l’expression musicale vogue, volontairement ou non, en marge de l’univers des grosses pointures de la scène francophone.
Bruxelles, nous voilà !
Ce mardi 14 mars dès 20 h 30, ce sera en quelque sorte la nuit du Bassinia au Botanique. Quatre groupes aux accents hutois se partageront la scène de l’Orangerie. Une initiative que l’on doit principalement à Marc Morgan, lui-même. “Cela part d’un trip un peu mégalo au départ. Le Bota m’avait contacté pour assurer une soirée. Or, je n’ai pas vraiment d’actualité pour l’instant. Cela fait deux ans que je n’ai plus rien sorti. Je ne me sens pas encore prêt avec le prochain album. J’ai donc lancé l’idée d’une programmation où m’accompagneraient des groupes implantés à Huy ou au sein desquels on retrouve des Hutois. Le Bota m’a donné le feu vert.” Restait encore à faire un tri, car les formations se multiplient en bord de Meuse. Et cela, Marc Morgan le sait très bien pour pointer plus qu’à son tour le bout de son nez dans les concerts régionaux. Dans l’esprit du Parcours Chanté, il devait bien sûr se limiter à des groupes frenchy. Sa liste n’en restait pas moins kilométrique. Finalement, son choix s’est porté sur la hip-hop de Poppalarge, la pop alternative de Nietzsche, et celle beaucoup plus électronique de Cryst@l Palace. À quoi viendront s’ajouter quelques invités surprises pour des reprises de l’époque des Tricheurs. Une grande fête hutoise en perspective !
Créer l’étincelle.
Pas question cependant d’une sorte de Fête à Morgan. Sans fausse modestie, Marc a fait le pari que c’est avant tout sur la jeune classe hutoise que l’attention viendra se focaliser ce mardi. “Tout d’abord, les gars de Huy qui montent à Bruxelles pour s’y éclater, cela a son côté sympa. Mais l’idée principale, c’est de montrer qu’il se passe plein de choses à Huy. Je pourrais dire que je m’en contrefiche, mais ce n’est pas vrai. Il y a vraiment des trucs excellents. Mais cela ne se sait pas forcément ailleurs. Il faut que cela se sache !” Marc Morgan est bien placé pour le savoir. Décrocher un label relève presque du défi en Wallonie. C’est même plutôt le désert mis à part quelques rares maisons soucieuses d’épauler des projets du crû (Bang! entre autres). “La production en français n’a pas de poids chez nous. Quand on voit en France ce que, appelons-le ainsi, le catalogue Cabrel peut peser… Si on regarde en Flandre, ils sont aussi beaucoup mieux organisés que nous. Ils cartonnent parce que les médias en parlent. Il ne faut pas attendre que l’étincelle se crée. Il faut la provoquer nous-même via des soirées comme celle de mardi ! Je ne suis pas un marchand. Je suis juste soucieux de mener à bien un projet et surtout de le faire rayonner. Il y a du talent chez nous aussi.”
Faites des disques !
On comprendra aisément que Marc Morgan est le premier à soutenir des projets comme l’Atelier Rock de Huy ou les nombreux festivals de la région. C’est l’endroit rêvé pour une première reconnaissance quand on essuye ses premières planches. Lui aussi est passé par là. Mais il sait également qu’il a eu la chance d’être à un moment donné épaulé par une sorte de parrain pour passer par le chas de l’aiguille. En l’occurrence, c’est notamment Jean-Louis Murat qui, à l’époque, l’a rapproché des feux parisiens. La suite, on la connaît. Rester fidèle à ses principes. Continuer à y croire même s’il n’est pas facile de faire de la chanson française de nos jours. C’est le message de Marc Morgan à tous ceux qui ont emprunté cette voie. “Il faut qu’ils fassent des disques ! Et ne jamais renier ce qu’ils font. L’important, c’est de se lever le matin, d’être content d’entretenir son idéal d’adolescent. Je me rappelle de l’époque où je m’amusais à répéter les riffs du Rebel Rebel de Bowie sur mon lit alors que j’avais une quinzaine d’années. Eh bien, cette sensation là, je la ressens encore aujourd’hui quand sur mon dictaphone j’enregistre à la guitare un texte que je viens de composer. Et là, tu te dis que c’est une chanson. Quoi qu’elle devienne, c’est un plaisir unique. La satisfaction d’avoir exprimé quelque chose !”. Ce mardi, Marc Morgan ressentira encore ces sensations post-adolescentes sur la scène du Botanique. En présence des nouveaux talents hutois, elles auront peut-être encore plus de piment. Qu’on se le dise. La fête promet d’être belle. Bruxelles n’est pas si loin de Huy. Alors, si cela vous chante…
Frédéric Renson.
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