Marc Morgan : Les Grands Espaces

Un texte de Yves Bigot accompagnant la sortie de l’album “Les Grands Espaces” (Mercury / Universal, 1996).

Marc Morgan

“Les souvenirs sont de si longs couloirs
Alors ça fait plaisir de t’y revoir…”

Béret innocent et lunettes à monture noire ligne claire, sourire franc et enfantin, Marc Morgan était le visage de la collection printemps-hiver 1994, sa silhouette se détachant sur les flammes or et braise d’un clip passé directement des playlists “hits” aux playlists “golds”,

“C’est notre mystère, notre mystère
Nos retrouvailles…”

Deux ans plus tard, après une bonne vingtaine de dates en première partie des Innocents (dont l’Olympia) et des prestations remarquées aux francofolies de Spa et de Montréal. ainsi qu’au Festival d’Été de Ouébec et à Bobino, revoilà le hutois (de Huy, près de Liège) qui a donc visité “Les Grands Espaces”, titre de son deuxième album solo, réalisé, comme le précédent (“Un Cygne Sur L’Orénoque”), par Phil Delire (Bashung, Jean-Louis Aubert, Zazie, etc) au studio ICP à Bruxelles.

“Ca fait parfois du bien de perdre une bataille
Plus tard on s’en souvient jusqu’au moindre détail”

Entre-temps, il a mûri. La fin de Fnac Music, alors que démarrait “Un Ami Qui Vous Veut Du Bien”, parti pour succéder à “Notre Mystère Nos Retrouvailles” au Top 50, n’y est sans doute pas totalement étrangère. Mais surtout, il y a l’expérience, acquise sur la route, sur les plateaux de télévision, dans les studios de radio. La vie, aussi. Elle s’entend, on la respire, il l’appréhende. Les rythmiques se creusent. les claviers s’emballent, les guitares (Marc et le soliste de Willy DeVille, Freddy Koella) chantent et pleurent. Pourtant. si “Les Grands Espaces” accuse, musicalement comme thématiquement, une profondeur accrue, l’ancien leader des Tricheurs (remember “Le Jour J” ?) n’a rien perdu de la grâce pop de ses mélodies, comme en témoignent “Charlotte” ou le premier extrait “Au Train Où Vont Les Choses”.

“Je me souviens des heures passées
À parler de tout et de rien
Juste pour te toucher la main…”

Chanteur (ça compte !), guitariste, auteur, compositeur, arrangeur, il signe tout son répertoire, à l’exception du texte de “L’Art Difficile De Refaire Surface” (de Rudy Léonet, son compère au sein de La Variété, qui continue), et bien sûr, du “Bruxelles” de Dick Annegarn que ce récent professeur de dessin de l’École Saint-Luc (les Beaux-Arts belges) a gagné le droit de chanter depuis qu’eflectivement. sa vie oscille entre la gare du Nord (à Paris) et celle du Midi (à Bruxelles).

“Woh-Oh Oh-Oh
Au train où vont les choses
Je n’aurais plus le temps de t’aimer”

Perfection pop anglaise, racines américaines, conscience francophone : Marc Morgan est l’incarnation de ce que devrait idéalement être le “rock français” des années 90, à moins qu’on ne préfère baptiser ça “chanson française de la génération rock”. Avec son air de ne pas y toucher, ce gars-là est “Capable De Tout”…

Yves Bigot.

Marc Morgan : Les Grands Espaces

Liens.

  • Voir les crédits de l’album “Les Grands Espaces” sur Discogs.
  • Voir la discographie complète de Marc Morgan sur Discogs.
  • Voir l’article Wikipedia consacré à Marc Morgan.
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